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27 avril 2018

Migreurope : Procès des « Moria 35 » sur l’île grecque de Chios

Dans la continuité de l’intérêt que porte Migreurop aux révoltes dans les camps et aux mobilisations des exilé·e·s, le réseau participe aux observations internationales du procès de Moria, dans lequel 35 personnes sont poursuivies pour avoir dénoncé leurs conditions de détention inhumaines lors d’une manifestation. Fort de son expérience en matière d’observations judiciaires, le réseau Migreurop – qui a pris position pour la fermeture de tous les camps d’étrangèr·e·s – assiste à ce procès, symbole de l’iniquité des politiques migratoires mises en œuvre par les États membres de l’Union européenne (UE). Par sa présence et la production de comptes-rendus quotidiens, il soutiendra les luttes des exilé·e·s en contribuant à les rendre visibles.

Le 18 juillet 2017, 35 résidents du hotspot de Moria sur l’île de Lesbos en Grèce ont été arrêtés à la suite d’une manifestation organisée quelques heures plus tôt dans le camp et à laquelle plusieurs centaines d’exilés avaient participé pour protester contre leurs conditions de vie indignes et inhumaines.

Migreurope

Voir aussi  le compte rendu d’audience de Giorgos Pagoudis à Chios pour le quotidien grec Journal de Rédacteurs (Efimerida tôn Syntaktôn)

efsyn.gr et Ici

Sur les conditions de vie dans le hotspot de Moria et sur les conséquences de l’accord UE-Turquie : Voir le rapport du Gisti « Accord UE-Turquie, la grande imposture - Gisti », juillet 2016
Gisti
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Supplément d’information au 28/04/2018 concernant le déroulement du procès de 35 de Moria
 (Traduction du reportage de Giorgos Pagoudis, correspondant à Chios du quotidien grec du Journal de Rédacteurs )
Lors du troisième jour d’audience du procès de 35 de Moria, les témoignages à charge de policiers ont été démentis par plusieurs éléments dont des documents audiovisuels. Les vidéos projetés ont en effet montré que l’affirmation du commandant de la brigade de CRS selon laquelle ce jour du 18 juillet 2017 des vents violents  soufflaient  sur l’île et risquaient de transformer les feux de poubelles en véritable incendie incontrôlable qui aurait pu mettre en danger la vie des résidents de Moria, n’avait aucun fondement. Qui plus est, dans les vidéos, on ne voit à aucun moment  les réfugiés qui vont être arrêtés en train de lancer des pierres contre les forces de l’ordre. 
Un autre point qui sape complètement la crédibilité de la version policière des faits est l’heure des arrestations qui se situe pour la plupart des prévenus après 16h. Or selon les témoignages concordants des témoins de la défense les incidents étaient déjà terminés à 15h càd au moins une heure avant l’arrestation des accusés, ce qui veut dire qu’il est impossible qu’ils  aient été pris sur les faits comme les prétendent les policiers. Tandis que pour d’autres prévenus, il y a des témoignages comme quoi ils étaient ailleurs à l’heure des incidents, soit à des rdv médicaux, soit en train de participer à des activités de  groupe, organisées par des volontaires. 
Le témoignage d’un pompier volontaire est particulièrement accablant pour la version policière : il affirme que deux des supposés incendiaires étaient à ses côtés participant aux efforts à éteindre le feu en train de se répandre dans l’oliveraie qui entoure le camp de Moria. « Ces deux personnes étaient des pacificateurs, calmes et polies » a dit le témoin. Et il avait ajouté que l’un d’entre eux avait déjà obtenu l’asile et il restait à Moria pour participer au  travail volontaire,  en attendant de trouver un toit à Athènes. 
Lors de leurs plaidoyers cinq accusés ont refusés toutes les accusations et ont dénoncé la violence démesurée de la police, tout en insistant sur le fait qu’ils n’ont été arrêtés qu’au moment où ils sortaient des containers où ils étaient restés longtemps après la fin des incidents. Particulièrement remarquable fut l’apologie de Ali Sequa, originaire de Gambie qui avait dit entre autres : « en Afrique nous savons que c’est bien en Grèce que la démocratie a vu le jour. Mais, il paraît que dans votre démocratie il n’y a pas de place pour les noirs ». (La plupart des prévenus sont originaires de l’Afrique noire).
Quant à l’état déplorable  de la qualité de traductions, il suffit de mentionner que la traductrice en anglais faisait tant des fautes que la présidente de la Cour s’était vu obligée de la remplacer par un policier connaissant parfaitement l’anglais ! 
=>  le verdict est tombé : les 35 de Moria  ont quittés le tribunal,  libres : trois acquittés de toute accusation et les 32 autres, reconnus coupables d’avoir provoqué des lésions corporelles graves à onze policiers,  avec des peines de 26 mois de prison avec  sursis de trois ans.  Les 32 comptent faire appel.  


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