30 mars 2018

SUR LES RIVES DU DESERT DE L'ALGERIE

Le mois de Mars a témoigné plusieurs centaines de migrants refoulés
d’Algérie. En dépit de la fermeture des frontières Algéro-malienne  et
malgré les cris de détresse, les plaintes et les alertes formulés
auprès des organismes internationaux (Amnistie Internationale…);
l’Algérie perpétue sans cesse les arrestations et les refoulements de
migrants dans ces zones dépourvues de toute assistance humanitaire et
contrôlées par des Djihadistes et des groupuscules armés.
Les droits des migrants sont bafoués continuellement : pas de
notification de l’ordre de quitter le territoire, pas de contrôle du
juge de la légalité, de l’arrestation, de la privation de liberté et
de la reconduite à la frontière, abandon en plein désert d’adultes
sans tenir compte des personnes vulnérables mais surtout pas de
contact direct des migrants avec leurs représentants consulaires.
Ce phénomène de refoulement massif est ressenti à notre niveau depuis
que le Niger a refusé d’accueillir les migrants non nigériens dans son
terroir. Va savoir combien de maliens refoulés ont transité par le
Niger bien avant.
Grâce aux témoignages de certains migrants accueillis au centre le 13
Mars dernier, on a appris que plus de 250 personnes étaient bloquées à
In-Khalil. Cependant, une tentative d’acheminement de retours
volontaires  avait été tentée récemment. Ceux dont le chauffeur engagé
a trouvé sur place, à l’image de leurs prédécesseurs, préféraient
rebrousser chemin  dans l’optique de récupérer leurs biens abandonnés
à cause d’une arrestation précipitée et abusive après trois ou quatre
ans de vie.
En moins de quarante-huit (48) heures, la Maison du Migrant a
accueilli des vagues successives de migrants en provenance d’Algérie,
dont Soixante migrants, cinq mineurs et en majorité maliens. En dépit
de la fatigue, certains souffrent de carence tandis que d’autres sont
administrés à l’hôpital pour Paludisme aigu et crise d’ulcère.
Cette situation criarde a interpellé sans doute les autorités
maliennes car nous avons été surpris de recevoir, pour une première,
la visite du Responsable de  la Sécurité d’Etat et  la Garde Nationale
à Gao venir récolter des données sur la statistique du nombre de
migrants accueillis, de leur nationalité et de leur lieu de
provenance.
Face à tout cela, nous ne pouvons-nous empêcher de spéculer sur
certaines inquiétudes à savoir :
1.      Quelles approches diplomatiques ont été à la base prises par les
autorités consulaires pour défendre les droits de leurs ressortissants
en Algérie ?
2.      Les échanges ressortis lors de la visite dernière du Ministre de
l’Intérieur Français, Mr Collomb au Niger, ne nous poussent-il pas à
croire que nos autorités minimisent les politiques migratoires
européennes ?

Ainsi, la Maison du migrant prévoit le plutôt possible de faire une
déclaration auprès des radios locales le vendredi 31 Mars prochain et
une succession de rencontres d’échanges en vue d’interpeller les
autorités étatiques sur le contexte d’expulsion des migrants dans
cette no-man’s land.
On ne saurait finir sans souligner la libération des neufs passeurs
interpellés par la sécurité d’Etat à Bamako, en début février passé.
L’Etat malien avait décidé de réagir contre les réseaux de passeurs
incrédules qui profitaient de la vulnérabilité et de la naïveté des
migrants, candidats au départ. Cette mise en disposition quoique
salutaire ne nous éloigne pas de  notre motivation première qui n’est
autre que de défendre les intérêts et les droits des migrants.
Salutations amicales
Eric
Maison du Migrant Gao

Voir : migreurop
Et
ccfd-terre-solidaire

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